Quatorze plus 1
ou
les pieds dans l’herbe et la tête dans les nuages
Ce coffret est le résultat de mon dernier séjour à l’atelier Presse Papier, Trois-Rivières, Québec. Quatre semaines en résidence pour ne penser qu’à la gravure.
Pour moi ce voyage tant attendu était l’occasion de renouer avec des sensations vécues presque dix ans auparavant, qui avaient bouleversé tout mon travail autour du paysage à l’époque. Les sensations vécues par rapport à cet espace presque infini en opposition à celui d’ici en Belgique. Pays où au kilomètre carré on est parmi les dix plus concentré au monde, pays où le ciel est si bas que nos ancêtres n’avaient peur que d’une chose, que le ciel leur tombe sur la tête.
Québec, où les rivières sont plus large que nos fleuves, lieu où très vite on est seul face à la nature à l’infini, qu’on veut croire pas encore dominée par l’homme, où l’espace paraît si grand qu’on se sent respirer plus librement, dégagé de toute entrave, comme si l’immensité du ciel m’avait enlevé un poids des épaules et qui en même temps m’a permis de reprendre conscience de ma petitesse.
Toutes ces sensations sont évidemment aussi liées à l’extraordinaire sens d’accueil des Québécois, leur ouverture envers autrui, sans parler de leur extrême gentillesse. Merci.
Voilà, ces sensations ont marqué dix ans de mon travail (et moi définitivement), d’où a suivi une réflexion par rapport à l’espace, extérieur comme intérieur. Espace que chacun a, que chacun prend, que chacun croit avoir ou ne se donne pas. Graphiquement tout cela m’a amené au bord de l’abstraction. Et là était arrivé le moment de prendre du recul, de remettre en question mon travail, la direction que j’allais prendre. J’avais envie, besoin, de retourner à la source, ne plus analyser, déduire, ….mais revivre, ressentir en direct.
Mon arrivée coïncidait avec la fin de l’hiver, la neige restait encore entassée dans les coins, les arbres étaient nus, parfois explosés par le gel. Puis l’extraordinaire reprise de la nature où la vie autour de moi explosait à une vitesse.
Je n’ai pas réfléchi et j’ai traduit au jour le jour ce que je voyais, sentais sans penser à une cohésion, un suivi ou un ensemble.
Le résultat, vous l’avez devant vous.
J’ai fait le choix de regrouper ces sérigraphies en un coffret, puisque c’est un voyage, un séjour, un instant, que je vous propose de partager.